Mot du Maire
Mars 2024
Proximité et vivre ensemble
J’avais prévu un tout autre mot du maire ce mois-ci, mais la démission de François Gagnon m’a bousculé. C’est une grande perte et j’y reviendrai. Je veux ici traiter de certains aspects de la vie démocratique au palier municipal et en tout premier lieu sur ce concept d’un gouvernement de proximité. C’est une notion qui revient souvent dans les chroniques des commentateurs politiques.
Proximité, c’est le bon mot. Pour bien comprendre, on va se comparer aux deux autres paliers de gouvernement. Nos députés fédéraux vivent dans leur tour d’ivoire à Ottawa et ceux provinciaux dans leur bulle à Québec. Il y a une distance géographique. Mais les politiciens municipaux, eux, vivent quotidiennement dans la piscine avec leur monde et quand ça brasse, on sent rapidement les mouvements des vagues. Il n’y a pas la distance comme amortisseur. Les coups sont parfois directs et trop souvent personnels.
J’ai passé ma carrière en enseignement collégial et universitaire. En arrivant au Conseil, je ne connaissais rien des dossiers. Le schéma d’aménagement, le traitement des eaux usées et des boues des fosses septiques, ce n’étaient pas des notions dans mon CV. Mais on apprend. C’est la notion d’urbanisme qui fut pour ma part la plus grande découverte. Son application est au cœur de nos vies. Je résume. Le territoire des municipalités et des MRC au Québec est subdivisé en sous-secteurs. Lorsque l’on devient propriétaire d’un terrain, première réaction : bon je peux faire ce que je veux, c’est ma propriété privée. Non, son utilisation est délimitée par les règles d’urbanisme. Pour le grand malheur de certains, celles-ci définissent leurs emplois pour bien vivre ensemble.
Il y a les règles et leurs mises en œuvre. C’est Josée Bédard qui m’a le mieux résumé comment appliquer certaines de ces règles: ‘ René, on doit les appliquer de façon équilibrée et harmonieuse ‘. Harmonie et équilibre, deux concepts complémentaires. En milieu rural, on doit équilibrer l’agriculture avec la construction domiciliaire. En forêt, c’est l’équilibre fragile entre l’exploitation forestière et l’environnement. Assez unique à Sainte-Aurélie à l’intérieur du périmètre urbain, c’est l’équilibre et l’harmonie à atteindre entre le domiciliaire et le vacancier estival. Pas facile.
Donc, on a des règles. Mais ce n’est pas évident pour certains. Quelquefois, et c’est trop, j’ai entendu en privé : ‘ C’est comme ça que l’on vit à Sainte-Aurélie. Ce ne sont pas les gens venus de Québec ou de Lévis qui vont nous dire comment faire. ‘ Le Sainte-Aurélie d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a 15 ans. Je l’ai déjà écrit, le visage de Sainte-Aurélie change. En cinq ans, c’est presque 50 % de la population qui est composée de nouveaux arrivants. Dès qu’une personne achète une propriété, elle obtient automatiquement ce que j’appelle le droit du sol. Sa parole, sa vision et ses opinions sont tout aussi importantes que celles des descendants de Victor Vannier, notre fondateur. Personne ne bénéficie d’un droit de préséance en démocratie.
Je reviens à François, lui aussi, c’est un nouvel arrivant. On ne demande pas de baptistère et le lieu de naissance pour siéger au conseil. Son désir le plus cher était de s’impliquer tant au niveau politique que communautaire. Son engagement à peu d’équivalant. J’ai récemment marché la rue des Saules avec lui. Il connaît et parle à tout le monde. Je vous confirme qu’il saisit parfaitement le pouls de nos résidents. Son départ du Conseil est une grande perte. Il a une expertise très variée, notamment en matière de sécurité civile, ce qui est assez rare. Il va nous manquer. Ceux qui sont dans la piscine et qui frappent brutalement avec leurs mots blessants et leurs comportements intimidants laissent des blessures internes difficiles à cicatriser.
François, merci pour ton travail et ton dévouement. On a perdu un conseiller engagé, mais je garde un ami.
Salut François. Profite de la vie chez nous avec ta compagne et ton petit chien.
René Allen, maire